Comment identifier les fissures RGA dans vos bâtiments communaux et agir ?
RGA : de quoi parle-t-on vraiment ? Et quand ce n’est PAS du RGA
Le retrait-gonflement des argiles (RGA) désigne la variation volumique des sols argileux selon l’humidité. En période de sécheresse, le sol se rétracte ; au retour de l’humidité, il gonfle. Sur des fondations superficielles, ces mouvements provoquent des tassements différentiels et des fissures, souvent visibles en façades ou appuis d’ouvrages. (Besoin d’un Audit technique bâtiment )
Les facteurs aggravants typiques sont : sols hétérogènes, tranchées remblayées à proximité, arbres à système racinaire étendu, absence de drainage, eaux pluviales mal gérées, longrines ou semelles sous-dimensionnées.
Ce qui n’est pas du RGA :
- Fuite de réseaux enterrés (eau potable, assainissement) qui lessive le sol et crée des affouillements.
- Infiltrations (toitures, chéneaux, façades) dégradant localement maçonneries et enduits.
- Défauts de conception ou d’exécution (fondations sur remblais non compactés, absence de joints de dilatation).
- Instabilités de talus/pentes ou tassements globaux de remblais.
- Mouvements thermiques des façades légères et pathologies de charpente/plancher.
Indices pro/contra RGA :
Pro : fissures en escalier sur maçonneries, réouverture/fermeture saisonnière, dissymétrie proche des zones arborées, contexte argileux local.
Contra : humidité constante anormale, suintements/indices de fuite, tassement localisé sous un point d’eau, déformations liées à des éléments porteurs déficients.
3 erreurs fréquentes menant au mauvais diagnostic :
- Réparer ou colmater avant stabilisation : les fissures reviennent.
- Conclure “RGA” sans exclure une fuite de réseau.
- Lancer une G5 lourde sans monitoring préalable alors que les indices de terrain suffisent.
Checklist terrain en 10 points (reconnaître les signaux faibles)
- Cartographier les fissures : localisation, orientation, largeur, profondeur, évolution sur photos datées.
- Relever la saisonnalité : comparer été/hiver si historique disponible.
- Examiner les pieds de façades : éclaboussures, remontées capillaires, rigoles d’érosion.
- Contrôler les eaux pluviales (EP) : descentes, regards, exutoires, pente du terrain ; repérer débordements.
- Inspecter les réseaux : indices de fuite (bruit, humidité localisée, affaissement), regards.
- Identifier les remblais : tranchées, extensions, plateformes rapportées.
- Cartographier la végétation : distance, essence, diamètre des troncs, racines visibles.
- Repérer joints et points singuliers : jonctions d’ouvrages, reprises, fissures anciennes.
- Mesurer : fissuromètre, niveau laser, hygromètre (si disponible).
- Contextualiser : géologie locale, sinistralité communale, archives géotechniques.
RGA vs autres causes (simplifié et actionnable)
Étape 1 – Contexte :
Commune exposée au RGA et argiles à faible profondeur ?
- Oui → Étape 2
- Non → vérifier prioritairement fuites, drainage, remblais
Étape 2 – Indices de terrain :
- Saisonnière, proche végétation, fissures en escalier/joints → RGA plausible → Étape 3
- Humidité constante, affaissement local, proximité réseaux → suspecter fuite/drainage → tester réseaux d’abord
Étape 3 – Instrumentation rapide (6–12 semaines) :
- Évolution corrélée météo/sécheresse → RGA probable → études ciblées si besoin
- Évolution décorrélée / instabilité persistante → autre cause à investiguer (réseaux, structure)
Méthode en 6 étapes (adaptée au secteur public)
- Pré-diagnostic documentaire (48–72 h)
Consulter Géorisques, données communales, archives travaux, plans réseaux, rapports entretien. Objectif : hypothèses initiales et zones prioritaires. - Visite instrumentée (J0–J10)
Relevé fissurométrique, photogrammétrie simple, niveaux, hygrométrie, inspection visuelle réseaux et EP. Livrable : fiche d’alerte + schéma symptômes. - Monitoring court terme (6–12 semaines)
Photos datées, mesures régulières ou télémétrie low-cost, journal météo. Décision go/no-go vers études lourdes. - Études ciblées, pas à pas
Sondages ponctuels, essais géotechniques adaptés : reconnaissance sols, teneurs en eau, plasticité, portance. Prioriser tests à moindre coût. - Analyse différenciée et arbitrage
Confronter indices terrain, monitoring, résultats essais. Décision : RGA confirmé/probable, fuite/drainage à traiter, autre pathologie. - Plan d’action phasé (T0–T+12 mois)
Mesures conservatoires immédiates, corrections cause racine court terme, travaux structurels moyen terme, suivi 12 mois. Intégrer contraintes ERP, calendrier scolaire/sportif, marchés publics, PPI.
Encadré – Quand restreindre ou fermer un ERP ?
Gravité élevée + évolution rapide + doute sur stabilité → restreindre accès zones sensibles.
Fissures traversantes, déformations éléments porteurs, affaissement majeur → avis structure + fermeture ciblée.
Toujours formaliser la décision (note technique, affichage, périmètre).
Contraintes spécifiques du secteur public
ERP et sécurité : responsabilité du maire ; privilégier mesures conservatoires réversibles et communication claire avec usagers/élus.
Marchés publics : sourçage, allotissement (monitoring vs études vs travaux), procédure adaptée selon seuils, délais réalistes (vacances scolaires, trêves sportives).
Budget/PPI : phasage pluriannuel, priorisation par criticité ; possibilité dossier CatNat pour cofinancement, sans en faire la seule stratégie.
Nos solutions techniques : quoi, quand, combien
Gestion des eaux et du sol (priorité 1)
Drainage périphérique, reprises évacuations EP, réglage pentes, dispositifs anti-éclaboussures. Écrans anti-racines, gestion essences/élagage. Coûts souvent milliers d’euros ; effets visibles en 1–3 saisons.
Traitement des réseaux
Détection fuites, réparations ciblées, chemisage ou remplacement partiel. Prioritaire si indices de fuite ; coût .
Stabilisation/fondations
Reprises sous-œuvre (micropieux, longrines), injections selon contexte géotechnique. Coûts ; études préalables obligatoires.
Enveloppe et structure
Agrafages, reprises locales, joints de fractionnement, rebouchage fissures après stabilisation. Coûts ; à programmer en fin de trajectoire.
Matrice gravité x urgence → action (guide)
- Faible gravité + faible urgence : monitoring + gestion EP/végétation ; replanifier à 6 mois.
- Gravité moyenne + urgence moyenne : monitoring + corrections cause + études ciblées ; travaux légers sous 3–6 mois.
- Forte gravité ou urgence forte : mesures conservatoires immédiates, expertise structure, travaux stabilisation priorisés.
Note : fourchettes coûts/délais variables selon site, marché, contraintes exploitation. Utiliser comme barème relatif.
Assurance et CatNat sécheresse : maximiser vos chances
Dossier type :
Chronologie documentée (photos datées, relevés, météo), rapports visite/monitoring, plans, constats fuites/débits EP, PQ travaux antérieurs, synthèse technique motivant lien plausible RGA ou autre cause.
Articulation avec reconnaissance CatNat :
Vérifier période reconnue, rapprocher évolution fissures de l’épisode. Les dossiers les mieux acceptés combinent indices terrain et mesures/objectivations.
Erreurs à éviter :
Dossier sans preuves instrumentées, réparations esthétiques avant stabilisation, conclusions hâtives “RGA” sans exclusion fuites/drainages.
Lundi matin : que faire concrètement ? (plan 30–60–90 jours)
J0–J30 :
Checklist terrain + balisage zones sensibles. Action rapide sur EP (curage, descentes, pentes) et recherche fuites. Lancer monitoring simple (fissuromètres, photos datées).
J31–J60 :
Première lecture monitoring ; si ambiguïtés, études ciblées minimales. Préparer DCE lot “monitoring/études/travaux légers”. Communication élus/usagers : feuille de route, critères d’alerte.
J61–J90 :
Déployer corrections cause racine. Programmer phase “stabilisation/structure” si nécessaire. Monter dossier assurance/CatNat si conditions réunies.
Mini-cas (anonymisés) et KPI de succès
Cas 1 – École élémentaire, zone argileuse
Symptômes : fissures en escalier, plus marquées fin d’été ; absence drainage ; arbres à 3–5 m.
Actions : monitoring 8 semaines ; drainage périphérique + réglage EP + écrans anti-racines ; rebouchage différé.
Résultat : baisse 60–70 % ouverture max en une saison ; pas de fermeture classes ; réparations esthétiques planifiées vacances.
Cas 2 – Gymnase, suspicion fuite réseau
Symptômes : affaissement local près vestiaire ; humidité constante ; fissure traversante.
Actions : test réseaux → fuite confirmée ; réparation + injection comblement ; pas de RGA retenu.
Résultat : maintien exploitation ; coût évité G5 lourde ; suivi 6 mois OK.
KPI à suivre :
Évolution ouverture max fissures (mm) sur 12 mois, délai levée restrictions usage, part actions “cause racine” vs “cosmétique”, taux dossiers acceptés (assurance/CatNat) et délai traitement.
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